Seminaire sur le Grand Emprunt : le point de vue de Ludovic Dubost

16 sept. 2009 5 min read

Ludovic Dubost a participé jeudi dernier à ce séminaire présidé par Nathalie Kosciusko-Morizet. Voici son point de vue et son analyse (article original publié sur son blog personnel :

Jeudi dernier 10 Septembre, j'ai été invité à participer au "séminaire" sur le grand emprunt. Voici quelques remarques concernant ce séminaire.

Je partage en très grande partie l'avis de Daniel Glazman sur ce séminaire.

Il est en effet difficile d'appeler cela un "séminaire" et de parler de "travaux". Je comprends que l'enjeu principal est de faire "aimer" le numérique à la commission du grand emprunt, mais il n'en reste pas moins qu'il y aurait pu avoir plus de débat et de participation de la communauté du numérique, et là tout était préparé d'avance.

Pour les intervenants, j'ai trouvé Marc Simoncini (Meetic) particulièrement bon et juste dans ses explications sur les difficultés rencontrées par un entrepreneur français ou européen. On retiendra "nous avons couru le 110m haies, nos concurrents ont couru le 110m à plat".

Pour ce qui est des investissements proposés :

Pour le Très haut débit, même si la connectivité des zones reculées à un aspect "réduction de la fracture numérique" intéressant, l'ADSL, déjà de ce point de vue est à mon sens suffisant et je ne vois pas trop l'intérêt économique de se battre pour du THD en zone rurale, donc financer le THD alors que les opérateurs sont déjà bien incités par les possibilités de gains ne me semble pas super efficace hormis pour accélérer la mise en oeuvre sur les zones les moins économiquement rentable (petites villes). Par contre il y à un enjeu de concurrence. Il faut une ouverture réelle de la concurrence dans le THD. Et de grâce, vendez la 4ème licence à Free. Il y a besoin de cet acteur dans l'espace concurrentiel des Télécoms.

Pour le logiciel, le fond structurel du FSI (Fond Stratégique Industriel) me semble intéressant, car en effet les entreprises françaises du secteur sont sous-capitalisés et cela limite clairement leurs ambitions. Se développer à l'international c'est quasiment se "vendre" ou "s'exporter".

Je partage l'avis d'Olivier Ezratty (et partie 2 et partie 3) qu'il faut aussi redéployer des investissements lourds pas forcement bien orientés. Le CIR va trop aux grandes boîtes et ce n'est pas un usage efficace du point de vue de la compétitivité de notre industrie surtout dans le secteur du logiciel et du Web. Une extension vers l'innovation, en couvrant aussi le marketing et l'export serait particulièrement utile aux PME innovantes.

Pour la mutualisation des infrastructures, je ne vois pas bien ou mènerait la proposition de Bull de faire des datas-center. Si Google est fort, ok ils ont de la techno, mais ils ont surtout la pub sur le moteur de recherche qui finance les datas centers. Financer l'infrastructure sans le modèle de revenus ne me semble pas intéressant. Par contre, financer les logiciels Open Source de Cloud Computing pour que des sociétés comme OVH ou Gandi puissent déployer des services de Cloud Computing ca cela me semble intéressant. Un initiative Cloud Computing Open Source me semble nécessaire et peut recevoir du financement.

Pour le numérique "public" type "numérisation des contenus" ou "services publics numériques", c'est sûr, il faut investir. Il faudrait par contre éviter que cela aille tout aux grandes SSII et que cela aide aussi le développement des startups avec des services innovants. Le volet "commande publique" qui normalement doit faire suite aux appels a projet "Serious gaming" et "Web innovant" (XWiki est leader du projet 'Wiki 3.0') sont intéressants dans ce sens. Cela mériterait d'être renforcé.

Articles similaires :