Histoire Et Dépendances - part.1

24 juin 2008 5 min read

Microsoft

La plupart des nouveaux produits ne naissent pas du néant. Ils sont le fruit de l'histoire et du parcours des compagnies et des organisations qui les créent, les développent et les distribuent. Microsoft Windows est certainement l'un ds exemples les plus typiques de ce cas de figure : fondée le 4 avril 1975, l'entreprise a rapidement acquis une stature importante à travers sa gamme de produits, partant d'un langage de programmation (le BASIC) à plusieurs générations de systèmes d'exploitation (MS-DOS, Microsoft Windows) avec l'aide (regrettée par la suite) d'IBM. Lorsqu'elle fait aujourd'hui le choix de lancer un nouveau produit, c'est toujours à une échelle et sur des marchés en phase avec sa taille (79,000 salariés, 51,3 milliards de CA en 2007) : gigantesques. Un simple programme de Beta (c'est à dire de pré-test d'une solution) peut concerner plus de 10,000 utilisateurs; près de 90% des PC mondiaux sont équipés de la technologie de l'entreprise.

De ce fait, le simple fait de considérer le lancement d'un produit nouveau par Microsoft implique la prise en compte de nombreux aspects.

L'offre actuelle

Microsoft dispose d'une offre extrêmement large dans une très large variétés de domaines, depuis les logiciels professionels (et notamment la suite Microsoft Office) aux logiciels de loisir (tels MSN Messenger), sans oublier l'ensemble de ses propriétés en ligne regroupées sous l'appelation "Windows Live". Du fait de l'étendue de ses différentes gammes, Microsoft est en permanence confrontée à des choix de gestion de gamme, de positionnement et de pricing relatif. Un bon exemple de ce type de problématique est le cas Office vs Works.

Microsoft Office vs Microsoft Works

Microsoft Office représente la seconde source de revenus de Microsoft, derrière le système d'exploitation Windows. Elle inclus notamment Microsoft Word, logiciel phare de traitement de texte, Microsoft Excel, tableur de choix pour de nombreuses compagnies, Microsoft PowerPoint, standard de fait sur le marché des logiciels de présentation, ou encore Microsoft Access, une base de données très largement utilisée. Cette suite bureautique a fait la réputation de l'entreprise et se vend à un prix important, bien qu'adapté en fonction des clientèles entreprises et particuliers. Pour beaucoup d'utilisateurs (notamment avant l'arrivée d'internet), ces applications représentaient l'un des attraits majeurs de l'utilisation d'un ordinateur, offrant de nombreuses fonctionnalités aussi performantes qu'avancées. 

Cependant, les inclure d'entrée au sein de son système d'exploitation aurait représenté pour Microsoft une perte de revenu non négligeable. L'entreprise a donc développé en parallèle une seconde suite bureautique, Microsoft Works, qui n'offrait que les fonctionnalités de base des ses équivalents de la suite Office, notamment un tableur et un traitement de texte. Cette suite bureautique bas de gamme visait donc à fournir une expérience basique des bénéfices apportés par la suite Office, et d'inciter ses utilisateurs à acheter cette dernière afin de bénéficier de tous ses avantages. 

On voit donc que la stratégie commerciale de l'entreprise implique un équilibre délicat dans la gestion de la concurrence des différents outils qu'elle met à la disposition de ses utilisateurs, afin de maximiser son profit au niveau de toute sa gamme et non d'un produit individuel. Dans une veine similaire, les profits générés ont permis de financer le développement des premières versions de Microsoft Windows, qui ont a leur tour permis de financer les développement de Windows NT puis de Windows Vista.

Équilibres et relations croisées

Dans une entreprise de cette taille, un produit ne peut pas se concevoir comme une entité indépendante mais bien comme l'un des éléments au sein d'un vaste ensemble aux ramifications parfois touffues. Les choix technologiques opérés lors d'une période donnée peuvent étendre leur influence et leurs effets les plus divers durant des années. Ainsi en va du choix des APIs utilisées pour la programmation de Microsoft Windows (une API, ou Application Programming Interface, est constitué de l'ensemble des fonctions qui permettent à une application de communiquer avec un autre. Dans le cas d'un système d'exploitation, l'API qu'il offre va par exemple permettre à votre navigateur internet de demander à votre écran d'afficher un rectangle de pixels blancs parsemés de noirs sur votre écran afin de constituer une page web lisible). Durant le développement de Microsoft Vista, deux écoles de pensée se sont affrontées au sein de l'entreprise autour de la question de la rétrocompatibilité.

Durant le développement des différentes versions de son système d'exploitation Windows, Microsoft a parfois inclus des bugs (c'est à dire des erreurs involontaires dans le code du programme). Afin de pouvoir parvenir à leurs fins, de nombreux développeurs d'applications tierces ont dû écrire du code leur permettant de contourner les bugs existant afin de faire marcher leurs programmes (un jeu vidéo par exemple) correctement. Le problème devient alors que, si Microsoft corrigeait le bug en question lors d'une version ultérieure, tous les logiciels en étant venus à attendre que le système d'exploitation se comporte d'une certaine façon devaient revoir leur copie. 

Les 2 écoles opposées au sein de Microsoft n'étaient pas du même avis sur la conduite à tenir au sujet de ce type de bugs : alors que l'équipe core API Windows (et notamment Raymond Chen) a longtemp préconisé le maintien d'une stricte rétrocompatibilité, la jeune génération centrée autour de MSDN et de la technologie .NET était en faveur d'une réécriture complète du système, qui forcerait les partenaires de Microsoft à revoir leurs copies. Dans le cas de Microsoft, la décision de maintenir - ou pas - la compatibilité entre différentes versions de ses programmes peut avoir des conséquences énormes. Le fait que de nombreux développeurs se voient demander de réécrire leurs applications pour Windows Vista a entraîné plusieurs d'entre eux à changer de plateforme et à développer pour le web en lieu et place de Windows. 

On le voit donc, pour Microsoft envisager le lancement d'un nouveau produit ne peut se faire que dans le cadre d'une bonne compréhension des nombreux tenants et des aboutissants reliant toute ses gammes de solutions entre elles, sans oublier les bases qu'elles fournissent à leurs milliers de clients et de partenaires de part le monde.

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